Chercheur, Viseur et „Trouveur“ (Finder)

Trouver sans "goto"

 

 

 

 

Si vous voulez vraiment avoir du plaisir à observer les étoiles en sortant spontanément votre lunette ou votre télescope le soir sans vous soucier de "mettre en station" votre monture, de trouver du courant, recharger vos batteries , synchroniser l'heure et de faire l'alignement avec 3 étoiles en trébuchant sur une „salade de fils“, le ou les chercheurs sont d’une importance primordiale. Il faut bien-sûr aussi des cartes appropriées, comme p.ex. celles sur mon autre site: "Danser avec les étoiles".

 

Pour trouver les objets du ciel profond, la meilleure façon de faire consiste à s’imaginer des lignes entre étoiles (précédemment identifiées à la fois dans le ciel et sur la carte) qui se croisent sur l’objet recherché (ou forment un triangle ou une autre forme géométrique par rapport à l’objet). J’ai expliqué cette méthode sur plusieurs de mes cartes, p.ex. celle-ci. Ensuite on pointe l’objet avec le pointeur en le mettant (à peu près) sur l’endroit où l’objet du ciel profond devrait se trouver. Pour les objets brillants, il suffit ensuite de mettre l’oculaire d‘aperçu général à grand champ dans sa lunette ou son télescope et - si l'objet ne s'y trouve pas directement - de faire un mouvement en forme du dessin d’une coquille d’escargot à partir de l’endroit pointé.

 

Malheureusement, les lunettes et télescopes pour débutants sont souvent équipés de véritables „chercheurs“ (voir image la plus à gauche ci-dessous; c'est un 6x30; il existe encore de 5x24 !) qui sont le plein contraire d’un „trouveur“ (finder). Le vendeur suppose probablement que tout amateur d'astronomie et un "tech freak" et veut absolument du "go to" et n'a donc pas vraiment besoin d'un chercheur. Mais c'est une erreur.

 

Chercheur 6x30                      Point rouge                      Telrad  (ou assimilé)           Rigel Quikfinder      Croix Rigel Quikfinder        Cercles Telrad sur M 13

 

Les „viseurs“ (à point rouge) sont mieux, mais leurs points rouges éclairent souvent trop. Si l’on cherche une étoile ou un objet un peu plus faible, les objets du ciel profond sont éclipsés par trop de lumière rouge. Toutefois, le point rouge est normalement alimenté par trois petites piles du type „mignon“. Une solution très simple pour réduire la luminosité est alors  de remplacer une, voire deux des trois piles par une ou plusieurs rondelles en métal.

 

Un Telrad ou un Rigel Quikfinder sont cependant mieux encore, le dernier ayant une plus grande hauteur sur le tube du télescope ce qui facilite l'accès avec l’œil. Pour le Quikfinder, on peut choisir entre une réticule (clignotante sur l'mage, mais on peut l'arrêter) et deux cercles à une distance de 0,5° et 2° de l'objet (si l'on est dessus), tandis que le Telrad montre trois cercles à 0.5°, 2° et 4°. Sur les deux on peut régler l’intensité de la lumière rouge, ce qui est très bien (crépuscule/nuit noire/objets faibles).

 

 

 

 

Viseur et "trouveur" sur un même télescope ?

 

 

 

 

Mais parfois on ne trouve tout simplement pas l'objet avec le seul viseur et pour les objets du ciel profond plus faibles, la méthode d'aller directement du viseur au télescope ne fonctionnera souvent pas. Pour le ciel (vraiment) profond, on ne peut donc pas éviter d'investir dans un bon „trouveur“.

 

Si l’on regarde le marché, je dirais qu'un "trouveur" commence à être "bon" à partir d’un chercheur 8x50. Les chercheurs 8x50 chinois sont tellement répandus qu‘on les trouve facilement sur le marché usagé à des prix très raisonnables. Je me suis cependant fabriqué un chercheur à partir d'une moitié de vielles jumelles 10x40 dont les prismes n’étaient plus en parallèle ... et il est superbe.

 

Pourquoi j’ai fait cela ? Les 8x50 chinois sont bien pour commencer, mais je trouve leur champ pourrait être mieux. Les oculaires Plössl de 20 mm sur ces chercheurs ont un diaphragme bien étroit (12 ou 15 mm ?) ce qui réduit sérieusement le champ. Pas de comparaison avec ma moitié de jumelles qui dispose d’un très grand champ. (On voit d'ailleurs sur les images du 6x30 ci-dessus et du 8x50 en dessous que les oculaires semblent être les mêmes).

              Chercheur 8 x 50                                                     Moitié de jumelles                                   Mon chercheur 5x40 à angle droit

 

 

 

 

"Trouveur" à angle droit ("réticulé") ?

 

 

 

 

Et puis, si l’on dispose d’un viseur (et ne serait-ce qu'un "cran de mire" que l'on peut se fabriquer avec deux équerres d'angle en élargissant un peu le trou de celui se situant à l'avant du télescope) et l'on veut acquérir un vrai "trouveur" en plus, on peut aussi prendre un chercheur à angle droit (donc avec un renvoi coudé), car - ayant le viseur en plus - on n’a pas/plus besoin de viser tout droit avec le "trouveur". L’angle droit présente plusieurs avantages: on protège sa nuque, on ne doit pas s'agenouiller dans l'herbe mouillée, on a une vue redressée, comme dans le viseur et on est donc beaucoup plus détendu pour chercher, vu la position plus agréable du corps.

 

Comme vous le voyez sur l'image à droite ci-dessus, J'ai finalement transformé ma moitié de jumelles en chercheur à angle droit et ajouté un Plössl de 32 mm (champ apparent maximal en 1,25 pouces) sur le renvoi coudé, ce qu'en fait un 5x40 avec un champ réel de 9° (!) dans le ciel et une pupille de sortie de 7,5. En plus, j'ai fixé le chercheur du côté du tube principal (et non pas au dessus), de sorte que les deux renvois coudés sont à la même hauteur, ce qui permet de regarder en même temps avec l’œil gauche dans le Celestron et avec l’œil droit dans le chercheur.

 

L'orientation de la vue dans le "trouveur" par rapport au tube principal.

 

 

 

Je pense que le tout est expliqué au mieux à partir d‘images d'un astérisme dans le ciel. Prenons Messier 13, le fameux amas globulaire d’Hercule et sa galaxie toute proche, NGC 6207. M 13 est facile à trouver, car il est pratiquement sur (légèrement à droite de) la ligne η - ζ Ηer, qui représente le coté gauche du thorax d'Hercule.

 

Mais malgré que M 13 se trouve à droite de cette ligne, il faut aller chercher à gauche de la ligne dans le chercheur / le télescope, car le télescope et la lunette tournent l'image de 180° (en droit-gauche = Est-Ouest et en même temps en haut-bas = Nord-Sud). Si vous avez un chercheur droit avec une lunette ou un télescope à miroir (peu importe si Newton, Schmidt-Cassegrain/Maksutov) et vous regardez sans renvoi coudé dans le tube principal, tout est bien, car le chercheur et le tube principal montrent les images tournées „en parallèle“ dans le même sens.

 

L'image est créée avec le logiciel "Guide 9.1" de Bill Gray

 

Mais très souvent, on a un renvoi coudé sur l’instrument principal (plus grande aisance d'observation) et un chercheur droit (sans renvoi coudé). Alors là, les choses se compliquent, du moins pour lunette, Schmidt-Cassegrain et Maksutov. Le renvoi coudé  n’inverse l’image que dans un sens. Dans la salle de bains, c’est droit-gauche, mais le renvoi coudé ou miroir diagonal redresse l’image en haut-bas. Vous avez donc une image redressée, mais inversée droit-gauche dans le chercheur et une image tournée "complètement sur la tête" dans l’instrument principal.

Si vous regardez les 3 découpes de l'image précédente qui se trouvent à gauche, et l'indicateur de directions, vous constaterez que l'image au milieu est tournée de 180° en Nord-Sud et Ouest-Est. Mais si l'on se met sur la tête, l'on peut encore lire l'écriture (de NGC 6207). L'écriture est donc sur la tête, mais non-réfléchie.

 

Il s'agit de la vue normale dans un télescope astronomique.

 

La vue à droite représente la vue par renvoi coudé. Le miroir diagonal redresse l'image en direction bas-haut (η Her et la galaxie sont à nouveau au dessus de M 13), mais les objets se trouvent toujours à gauche de la ligne pointillée. Et, surtout, le mirroir dans le renvoi coudé reflète en plus l'image. Vous ne pouvez donc pas lire NGC 6207, si vous vous mettez sur la tête.

 

Il faut donc tenir compte de tout ça, si l'on utilise "son trouveur" en comparant la situation par rapport au télescope principal, par rapport à l’œil nu et viseur, ainsi que par rapport aux cartes du ciel qu'on utilise !

"Star hopping" avec un viseur et un "trouveur à angle droit"

 

 

 

La situation décrite n’est pas idéale du tout pour trouver des objets dans le ciel selon la méthode du „star-hopping“, car si l’on a une étoile non loin de l'objet dans le chercheur, on doit constamment "inverser la situation dans sa tête“ pour savoir, si l’on doit bouger le télescope à droite ou à gauche (ou vers le haut ou le bas) par rapport à l’étoile (la situation) au chercheur.

 

La meilleure solution est alors d’avoir un renvoi coudé sur les deux, tant sur le chercheur que sur la lunette ou le télescope SC ou Mak (pas sur le Newton, j'y reviendrai). Dans ce cas, les images sont redressées, mais inversées droite-gauche sur les deux instruments. Et le fait que l'on ne puisse pas utiliser le "trouveur" (qui dispose maintenant d'un renvoi coudé) pour pointer (car pour pointer, il faut regarder tout droit) ne pose aucun problème, parce qu'on a encore un viseur.

 

 

Pour un Newton, un renvoi coudé ne fait pas de sens (et ne marchera même pas, car on n'arrivera pas au focus): les rayons de lumière sortent déjà en angle droit du tube. (Mais l'image est quand-même tournée comme dans une lunette *). Malheureusement (pourquoi d’ailleurs?) on ne trouve pas de "chercheur" de type "Newton" dans le marché. Pour avoir la même orientation, il faut alors travailler avec un "trouveur" droit de type "petite lunette" (donc sans renvoi coudé) sur le Newton, ce qui est mauvais pour la nuque. Ou alors on doit se bricoler soi-même son chercheur Newton (p.ex. à partir d'un Baby-Newton 76/300 pour enfants), ce que j’ai fait pour mon Dobson de 12 pouces (voir image). J’y ai mis un oculaire ultra-léger et bon marché de 23 mm et 62°, ce qui fait donc un chercheur 13x76 avec une pupille de sortie de 6 mm et un champ réel de 4,75°. Que peut-on vouloir de plus ?

 

J’ai d’ailleurs trouvé un „instrument“ que l’on peut utiliser encore plus facilement comme "chercheur Newton" (on dirait même que quelqu’un m’a copié). Il faut probablement bricoler un peu pour l'adapter. Toutefois, si l'on arrive à l'adapter, il est certainement très léger (le poids constituait un grand problème avec mon premier essai (prototype) du chercheur Newton, car mon Dobson piquait du nez).

 

* Pour être tout à fait exact, il faut dire que la vue dans un Newton dépend encore de la question si le tube est orienté plutôt horizontalement (et l'observateur se trouve assise en position perpendiculaire et observe donc plutôt vers l'horizon) ou si le tube est orienté plutôt verticalement, tout comme l'observateur qui est debout (observation près du zénith). ... Mais si l'on possède une lunette ou SC ou MAC, on peut aussi tourner le renvoi coudé de 90° vers le côté (ce qui rend d'ailleurs l'écriture à nouveau lisible).

 

 

 

 

Voilà, résumons donc (tant par rapport au chercheur qu'à la monture) !

 

 

 

Avec un viseur et en plus un bon "trouveur" 8x50 (ou mieux ?), vous pouvez donc complètement renoncer à la motorisation de votre télescope et vous n'avez pas besoin d'une monture équatoriale non plus. Une monture alt-azimutale est beaucoup plus facile à manipuler et moins lourde à transporter, ce qui permet de faire tous les soirs une observation spontanée, décidée "sur le coup".

 

J'ai appris tout cela uniquement après beaucoup d'années d'expérience pratique avec l'astronomie. Aujourd'hui je ne retournerai plus jamais vers la monture équatoriale lourde et compliquée. Surtout parce qu'on peut observer très spontanément le soir, car on peut poser sa monture azimutale quand on veut et où on a envie. Et si l'on fait le petit effort (mais il faut le faire) d'apprendre à connaître les constellations, on n'a pas besoin de "boutons pour appuyer" ("goto") non plus.

Mais, ... diriez-vous: ... on ne peut pas faire des photos !

 

C'est vrai (sauf pour des photos avec le smartphone) ! ... Mais la plupart des astrams expérimentés déconseillent de toute façon de prendre au départ un télescope / une lunette avec monture "passe-partout" pour débutants qui, selon les vendeurs, est capable de faire du visuel et, en même temps, de la photo.

 

Ces combinaisons "télescope et monture", offertes - il est vrai - à des prix très attractifs, ne sont cependant ni poisson, ni viande. Elles sont ni bon pour le visuel (monture "tremblante" et/ou trop compliquée à installer, avec laquelle on ne trouve rien, après avoir essayé pendant des heures à la régler), ni pour la photographie (monture trop petite et trop "faible" à tous les égards), même si l'optique seule est bonne.

 

Comme d'habitude, la "poule aux œufs d'or" n'existe pas en réalité; et si - par déception - l'instrument reste placé dans un coin pour prendre de la poussière on n'a rien gagné non plus !

 

 

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Si l'on n'arrive pas à se décider, une solution peut-être pas trop mauvaise consiste à prendre d'abord un Dobson "de table" (je ne peux pas faire autrement que de mettre un lien vers un vendeur), dont la monture ne vaut pas chère par rapport au coût total. Une vielle table de camping pour le balcon, en plus pliable pour que l'on puisse l'emmener dans le coffre de sa voiture, devrait se trouver facilement. Ou alors on cherche une aire de pique-nique avec bancs et table en campagne. Ensuite on peut acheter plus tard, lorsqu'on a acquis une certaine expérience, une bonne monture pour faire des photos. ... Mais attention: il n'est pas à exclure, qu’après avoir fait quelques essais, on aimera bien la simplicité de la monture peu chère. ... Et l'on peut quand-même faire de belles photos avec un téléphone portable sur un Dobson !

 

J'ai mis du temps à comprendre cela. Comme j'ai dit, je ne prendrais plus jamais de monture équatoriale aujourd'hui (âge de retraite).

 

 

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En considérant uniquement l'optique, je conseillererais vraiment un Newton 150/750 à f/d 5 pour débuter, car ces instruments ne sont pas encombrants, donc facilement transportables, parmi les moins chers et - si l'on veut faire du "ciel profond" (et non pas seulement observer la lune et les planètes) - l'on voit beaucoup plus avec un diamètre de 150 mm qu'avec un réfracteur de 100 mm. Si l'on pense p.ex. à des amas globulaires, comme M 13, je dirai même que le ciel profond commence (seulement) avec un diamètre de 150 mm (peut-être déjà avec un Mak de 127 mm ou un Newton de 130 mm, parce qu'ils sont très populaires); voir les vieilles pages de Binoviewer pour avoir une impression de ce qu'on voit avec les différentes tailles de télescopes et réfracteurs (qui - contrairement aux pages modernes de comparaison - livrent des images très réalistes de ce qu'on voit: --> des tâches grises) .

 

 

Comme indiqué sur l'image du site (titre): ... Ce qui compte d'abord en ciel profond, c'est de cueillir beaucoup de lumière  (et en visuel, cela se fait le mieux avec un plus grand diamètre de l'optique).

Parlons maintenant de la "collimation".